Madame la directrice déléguée de l’Assurance Maladie a fait un post sur LinkedIn ce matin.
J’ai mis en gras les éléments qui doivent à mon avis être développés.
Attention, il y a un conflit d’intérêt, c’est la caisse d’assurance maladie de la Mayenne qui m’a signalé comme dangereux et décompensé à l’ordre des médecins, je pense qu’il n’y a pas que des gens compétents dans ces institutions.
Je précise également que j’ai aucune compétence en immunologie. Tout ça n’est que de la lecture d’article - même pas de la critique, je ne fais que lire les données.
⚠️ La grippe : une maladie mortelle ⚠️
1️⃣ La grippe tue en moyenne 9000 personnes chaque année en France (dont 90% ont +75 ans).
2️⃣ Méga-pic cette année : 7,3% du total des décès en France la semaine dernière (inédit) ; 611 morts en 7 jours seulement (7-15 janvier).
💡 Chiffres sous-estimés : la grippe chez la personne âgée, lorsqu'elle ne tue pas tout de suite, entraîne un risque de perte d'autonomie aggravé.
3️⃣ La vaccination contre la grippe, un réflexe vital si 💉
- 👩🦳 vous avez plus de 65 ans
- 💊 vous avez une pathologie chronique
- 🤰 vous êtes enceinte (quel que soit le mois)
Elle est par ailleurs recommandée pour les 2 - 17 ans 🧒
[Et pour tous les autres, la vaccination évite de se faire rouler dessus par un train à 300 km/h pendant 10 jours. Fort désagréable]
4️⃣ Fardeau annuel de la grippe : en moyenne 1 million de consultations de ville et 20 000 hospitalisations 👩⚕️ ; 3~5 millions de jours d'arrêts de travail ?
5️⃣ La grippe sature les urgences.
- Près de 90 établissements actuellement en "plan blanc" (déprogramment des interventions pour tenir la charge). Avec un risque en cascade sur les "autres malades" qui voient leurs opérations décalées.
- Le nombre de lits est un débat en soi, mais pas pour déplorer un manque de capacités hospitalières face à des 𝘩𝘰𝘴𝘱𝘪𝘵𝘢𝘭𝘪𝘴𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘦́𝘷𝘪𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴.
- A la saturation des établissements - lorsqu'elle est liée à la bronchiolite, la grippe, le covid, les VRS - la solution s'appelle la 𝗽𝗿𝗲́𝘃𝗲𝗻𝘁𝗶𝗼𝗻 : gestes-barrières, vaccination, anticorps monoclonaux.
6️⃣ Il n'est pas normal que seule 35% de la "population cible" ait été vaccinée au 30 novembre 2024 pour une campagne vaccinale démarrant en septembre.
7️⃣ Une mobilisation collective s'impose.
Des travaux sont en cours, demandés par les ministres, coordonnés par la Direction Générale de la Santé - DGS sur la stratégie vaccinale :
➡️ Leviers sur l'offre
- Volume de doses disponibles (commandes officinales / stock Etat)
- Élargissement des points et "occasions" de vaccination : hôpital, structures médico-sociales et sociales, cabinets de ville, entreprises, etc. (❔ : modes de stockage, traçabilité, rémunération)
➡️ Leviers sur la demande
- Compréhension (simplification du calendrier vaccinal, communication, "bons")
- Accès (financier, allers-vers)
- "Hésitation vaccinale" (transparence, lutte contre les fake-news)
➡️ Vaccination des soignants...
8️⃣ (Re)mobilisation nécessaire sur les gestes-barrières (masque, aération, lavage de mains, etc.). On connaît la chanson... même si on ne l'aime pas.
La prévention, c'est le cœur du réacteur, le seul facteur réel d'amélioration de la santé de la population, et la condition sine qua non de la soutenabilité de notre système de santé.
Au boulot les autorités sanitaires (nous) !
1) La grippe : une maladie mortelle
Ca commence avec une accroche un peu choc. Ca me plaît bien.
Mortelle donc. Est-ce que c’est le cas pour toute la population ? Souvenez-vous, on est en train de faire de la santé publique, le minimum syndical c’est de mettre des dénominateurs pertinents - on parle de la stratification des données.
Je peux donc, de la part des autorités de santé, m’attendre à avoir la mortalité en fonction de l’âge.
0.5 pour 100 000 habitants entre 5 et 17 ans, et 26,6 pour les plus de 65 ans. C’est 50 fois plus mortel pour les plus de 65 ans. Il existe d’autres études où le taux de mortalité pour ces tranches d’âges sont encore plus faibles, et les enfants décédés avaient pour 41% d’entre eux des pathologies chroniques. Chez les mineurs sans problématique de santé, on est donc face à une létalité encore en dessous de 0.5 pour 100 000 patients.
C’est important comme précision, parce que les 0-19, ça représente quand même 26,3% de la population Française. En réalité la tranche d’âge qui nous intéresse est un peu moindre, parce qu’il y a probablement bien une période de vulnérabilité dans les âges très bas.
En coupant grossièrement à 20%, une estimation basse, on arrive à 13,6 millions de mineurs pour lesquels la grippe n’est que très faiblement mortelle.
Pourquoi c’est important ?
Parce que à raison de 5€ et quelques le vaccin, sans compter le prix de la consultation médicale ou paramédicale pour l’injection, sur quelque chose qui revient une fois par an, ça commence à faire pas mal de fric. Il faut pouvoir justifier de cette dépense. J’entends par là, de cette dépense par rapport à un autre poste de dépense.
C’est un autre sujet, d’une complexité que je ne maîtrise pas. Il y a des études économiques sur le sujet.
Mais en l’état, aussi accrocheur que soit cette première phrase, je pense que “la grippe est mortelle” nécessité un peu de nuance, si ce n’est de précision.
Je précise qu’on parle ici bien des décès et pas du taux d’hospitalisation. Se pose aussi la question de la contagiosité des jeunes envers d’autres patients à risque, les données ne sont sauf erreur de ma part pas univoques - loin de là, on en reparlera plus tard.
2) Elle est par ailleurs recommandée pour les 2 - 17 ans 🧒
Sous entendu, les 2-17 ans sans problématique de santé. Donc, voyons voir d’où ça nous vient cette recommandation, parce que je n’étais même pas au courant - et ça m’étonne un peu.
Déjà, une petite précision. La HAS recommande que la vaccination soit “proposée” à ce groupe d’âge:
La HAS a publié un rapport de 192 pages sur la question. On peut se poser la question de qui va lire toutes ces pages, mais ça sera pour une autre fois. Le rapport a été publié en 2023.
On y lit des choses intéressantes sur les autres pays, qui ne recommandent pas tous de vacciner cette population.
Exemple:
Que s’est-il passé dans les autres pays ?
Angleterre:
Pour assoir sa décision de vaccination des enfants, le Joint Committee on Vaccination and Immunisation (JCVI) a pris en compte les données d’une étude de coût-efficacité de Pitman et al. publiée en 2013.
L’étude, disponible ici, est pile ce que j’aime:
A dynamic transmission model was used to simulate the impact of vaccination programmes with varying levels of coverage across pre-school and school age children.
Donc c’est pas une étude clinique. C’est un modèle mathématique. C’est des statistiques, pures. Pour ce qui est du niveau de preuve, on repassera.
La décision du JCVI a également intégré la disponibilité d’un vaccin vivant atténué par voie intranasale, considéré par le JCVI comme plus efficace que les vaccins grippaux inactivés chez les enfants âgés de 6 à 17 ans (ainsi que chez les enfants plus jeunes) et susceptible de conférer une protection à long terme en induisant une meilleure mémoire immunitaire. Le JCVI considère également que le vaccin intranasal a un bon profil de tolérance, et que cette voie d’administration pourrait le rendre mieux accepté par les parents d’enfants en âge scolaire et par les enfants eux-mêmes.
Lisez bien, c’est pour le vaccin vivant atténué qu’ils ont pris cette décision.
En France, cinq vaccins disposent, en 2022, d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans la prévention de la grippe saisonnière chez l’enfant : quatre vaccins inactivés et un vaccin vivant atténué.
Il y a donc là une petite précision qu’il est intéressant de noter. Le seul vaccin vivant atténué est le FLUENZ TETRA - qui n’est pas toujours disponible en France.
C’est d’ailleurs assez fun parce que la HAS recommande spécifiquement ce vaccin, et pas les autres. Les recommandations sont formulées assez bizarrement:
Dans cette tranche d’âge, la HAS recommande d’utiliser préférentiellement le vaccin administré par voie intranasale Fluenz Tetra, compte tenu de la meilleure acceptabilité de ce vaccin chez l’enfant du fait de la non-utilisation d’aiguille. En cas d’indisponibilité de ce vaccin, la HAS rappelle que les quatre autres vaccins antigrippaux (Fluarix Tetra, Vaxigrip Tetra, Influvac Tetra, Flucelvax) qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) chez l’enfant peuvent être utilisés.
Mais du coup, l’AMM fait qu’ils peuvent être utilisés. La question n’est pas là, on n’a pas besoin de la HAS pour nous le rappeler. La question est: est-ce qu’ils recommandent leur utilisation dans un contexte où il n’est pas possible de se procurer le Fluenz Tetra ?
Au prix où on les paye, ils pourraient être un peu plus clairs.
Japon:
D’entrée de jeu, c’est intéressant, il y a là une leçon pour la vaccination obligatoire.
Le Japon a initialement fondé sa politique de maîtrise de la grippe sur une stratégie de vaccination des enfants d’âge scolaire plutôt que celle des personnes âgées. Lors de l’épidémie de 1957 au Japon, il est apparu clairement que la fréquentation d’enfants d’âge scolaire jouait un rôle important d’amplificateur de l’épidémie et il a été estimé que, puisque les enfants étaient les disséminateurs majeurs de la grippe, ils devaient être immunisés par la vaccination, comme les autres groupes à risque. Les programmes de vaccination contre la grippe pour les enfants âgés de 5 à 14 ans ont débuté en 1962 (loi rendant obligatoire la vaccination en 1967). Du milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980 les niveaux de couverture vaccinale chez les enfants d’âge scolaire étaient compris entre 50 % à 85 %. En 1987, une nouvelle loi a permis aux parents de refuser la vaccination de leurs enfants et en 1994, la stratégie de vaccination contre la grippe est passée d'un vaccin de routine obligatoire à un vaccin volontaire. Le gouvernement a arrêté le programme considérant qu’il n’y avait pas de preuve sur l’efficacité du vaccin pour limiter la propagation de la grippe dans la communauté.
Bien sûr, le contexte démographique et médico économique du Japon de 1995 n’est pas le même que pour la France de 2025, mais ça reste intéressant.
Pendant ces périodes de vaccination des enfants, entre 1970 et 1990:
La vaccination des enfants japonais a évité environ 1 décès pour 420 enfants vaccinés.
Les auteurs de la HAS disent que les données ont montré que les décès dus à la grippe ont augmenté suite à l’arrêt de la vaccination obligatoire.
Québec:
Le pays avait d’abord recommandé la vaccination chez les 6-23 mois en se basant sur les données d’hospitalisation; c’est à dire l’occupation des lits, comme ce qu’on voit dans les médias actuellement.
Puis:
En excluant les enfants avec maladies chroniques du nombre d’hospitalisations, les données montrent que très peu de ces enfants ont été hospitalisés en raison de la grippe et les décès sont exceptionnels.
Il est important de noter que seul un enfant sur 5 était vacciné. Ils ont ensuite fait sauter la recommandation en 2018.
Il semble que, de façon générale, la recommandation ne permette d’atteindre qu’une partie de la population en terme de vaccination:
Elle est inférieure à 10%: Slovaquie, Pologne, Lettonie et Australie (avant 2018)
Comprise entre 10 % et 30 % en Italie, Finlande et Australie
Comprise entre 30 % et 60 % au Pays de Galles, en Irlande du Nord, et Écosse chez les 2-4 ans, en Angleterre et aux États-Unis chez les 13-17 ans
Supérieure à 60 % en Écosse chez les 5-11 ans et aux États-Unis chez les 6 mois-12 ans.
Après avoir fait le tour des pays, comme à leurs habitudes, les auteurs de la HAS s’attaquent aux données de la littérature.
Il y a une méta analyse pivot dans leur document: la méta analyse de Cochrane publiée en 2018, Vaccines for preventing influenza in healthy children, présentée comme très complète et de bonne qualité méthodologique. La méta analyse était comprise de 41 études randomisées contrôlées.
Les résultats, intéressants, sont meilleurs pour les vaccins vivants atténués, ce qui concorde à l’avis des UK discuté plus haut, avec une efficacité vaccinale de 78%. Peut-être que les bénéfices des vaccins vivants atténués se retrouvent en plus sur leur effets non spécifiques, je vous laisse regarder ce que c’est. Nous n’avons que les inactivés en France pour le moment de toute façon.
Donc, les résultats:
Les vaccins inactivés diminuent probablement la proportion d'enfants ayant eu une grippe confirmée de 30 % à 11 % (soit une efficacité vaccinale de 64 % [IC95 % : 52 %- 72 %] ; niveau de confiance élevé) et pourraient réduire le nombre de cas de syndrome grippal de 28 % à 20 % (soit une efficacité vaccinale de 28 % [IC95 % : 21%-35%] ; niveau de confiance modéré). Les auteurs ont estimé qu’il faudrait que 5 enfants soient vaccinés pour prévenir 1 cas de grippe, et 12 pour prévenir 1 cas de syndrome grippal.
Vous diminuez votre risque absolu d’avoir une grippe de 19% (de 30% à 11%) et celui d’avoir des syndromes grippaux de 8% (de 28 à 20%). Je ne dis pas que c’est bien ou non, je vous donne juste les données - car d’autres ne le font pas.
Et pas d’effet connu de la vaccination sur les hospitalisations, ni sur l’absentéisme scolaire ou celui des parents.
Donc, rappel. Vous lisez un post dans lequel on vous parle de maladie mortelle. On parle ensuite de saturation des hôpitaux. Mais les vaccins dans cette population n’avaient à l’époque pas d’efficacité documentée sur ces sujets. Pire, nous ne disposons pas du vaccin le plus efficace - nous n’avons que des vaccins inactivés, mais ça n’a pas été abordé non plus.
La vaccination permet donc pour ces jeunes d’éviter.. une grippe.
Pour le plaisir, il existe aussi l’équivalent chez les adultes: Vaccines for preventing influenza in healthy adults
Résultats:
Vaccination may lead to a small reduction in the risk of hospitalisation in healthy adults, from 14.7% to 14.1%, but the CI is wide and does not rule out a large benefit (RR 0.96, 95% CI 0.85 to 1.08; 11,924 participants; low‐certainty evidence). Vaccines may lead to little or no small reduction in days off work (‐0.04 days, 95% CI ‐0.14 days to 0.06; low‐certainty evidence)
Aucune efficacité retrouvée ni sur les hospitalisations, ni sur l’absentéisme. La formulation est intéressante par contre. N’importe quelle étude qui retrouve un intervalle ce confiance de 95% compris entre 0.85 et 1.08 considère que le résultat n’est pas significatif. Et ce n’est pas ce qu’on appelle un intervalle de confiance large.
Exemple avec le COVID 19 et l’ivermectine:
Ivermectin did not show an effect in reducing mortality (RR = 0.76; 95%CI: 0.52–1.11) or mechanical ventilation (RR = 0.74; 95%CI: 0.48–1.16).
Pas d’effet dans la réduction de la mortalité.
Mais là, ils ont formulé ça différemment. “L’intervalle de confiance est large et n’exclue pas un bénéficie important.” Et pareil pour l’absentéisme.
C’est scandaleux.
J’insiste:
Je ne suis pas en train de faire du complotisme. Je ne donne pas mon avis sur la pertinence de la vaccination. Je ne fais que lire les données qui sont mises en avant par nos propres autorités de santé.
Il y a, suite à cette méta analyse, 9 revues qui ont été publiées sur le sujet de la vaccination, entre 2017 et 2022. Les auteurs de la HAS en ont inclus 7, car elles n’avaient peu ou pas d’études en commun avec celle déjà publiée par Cochrane en 2018.
La revue systématique de Minozzi et al. publiée en 2022, a inclus 58 essais randomisés publiés entre 1992 et 2020 évaluant l’efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière chez l’enfant en bonne santé âgé de moins de 18 ans. Lien ci-dessous:
Les résultats sont assez simples à lire:
Syndrome grippal : ‒ les vaccins trivalents inactivés ont une efficacité de 39 % chez les enfants d’âge < 18 ans mais les résultats ne sont pas significatifs chez ceux ≤ 5 ans (niveau de preuve modéré)
hospitalisation, décès : Aucun des vaccins (trivalent inactivé, trivalent vivant atténué, tétravalent inactivé) ne s'est avéré plus efficace que le placebo.
Il y a ensuite mention d’autres études, dont le niveau de preuve est plus faible.
En plus de cette seconde méta analyse, il y a eu un essai multricentrique, et 4 revues systématiques, revues définies comme étant de “qualité inégale” et qui n’évaluaient pas l’effet sur la mortalité ou le taux d’hospitalisation. Je ne détaille donc pas.
Plusieurs études ont été ensuite été publiées en 2022, je vous mets la conclusion de la HAS pour gagner du temps:
Que ce soit pour les vaccins vivants atténués ou les vaccins inactivés, les auteurs de la revue systématique estiment qu’il y a peu de données de bonne qualité sur l’efficacité de la vaccination sur les hospitalisations ou les décès ; ainsi que sur l’efficacité vaccinale chez les enfants âgés de moins de 2 ans. Ces résultats sont confirmés par les revues systématiques avec méta-analyse postérieures aux revues Cochrane
Donc, peu de données - et parfois des données qui concluent qu’il n’y a aucune différence.
Il faut bien suivre où on en est dans le document.
On a fait:
Les données des autres Pays
la revue de la littérature présente sur l’efficacité des programmes de vaccination de la grippe saisonnière, en regardant les méta analyses, considérées comme la HAS comme le plus haut niveau de preuve. Les données sur la prévention d’un épisode grippal sont très positives - sur la diminution des hospitalisations ou du décès, beaucoup moins.
On passe maintenant à une autre revue de la littérature, les “modélisations quantitatives de l’impact attendu de la vaccination des enfants”
C’est le genre d’étude qui me plaisent bien, ces modèles mathématiques prévisionnels. Comme avec l’Angleterre plus haut. J’en prends une au hasard:
Je regarde les conflits d’intérêts:
GlaxoSmithKline Biologicals SA a financé cette étude (identifiant de l'étude GSK : HO-17-18828) et a participé à toutes les étapes de la réalisation de l'étude, y compris l'analyse des données. GlaxoSmithKline Biologicals SA a également pris en charge tous les coûts associés à l'élaboration et à la publication de ce manuscrit.
Ok bah ça commence bien… Et les auteurs ?
RS-O et AA étaient employés du groupe de sociétés GSK au moment de la réalisation de l'étude. DM, RB-B, GDS, BU et AvK sont employés du groupe de sociétés GSK. DM, RS-O, RB-B, GDS, BU et AvK détiennent des actions du groupe de sociétés GSK. BPN a reçu un financement du groupe de sociétés GSK pour mener à bien les travaux présentés ici, ainsi que pour d'autres projets sans lien avec les travaux soumis. ME est actionnaire d'Epimos GmbH, qui a reçu un financement du groupe de sociétés GSK pour mener à bien les travaux présentés ici, ainsi que pour d'autres projets sans lien avec les travaux soumis. ME déclare également avoir reçu des honoraires personnels et un soutien non financier de la part du groupe de sociétés GSK, ainsi que des honoraires de conseil d'AstraZeneca pour d'autres projets sans lien avec les travaux soumis. MS a reçu des honoraires personnels du groupe de sociétés GSK et est actionnaire d'ExploSYS GmbH, qui a reçu un financement d'Epimos GmbH pour mener à bien les travaux présentés ici. LAVB et IVV, via leur entreprise (CHESS in Health), ont reçu un financement du groupe de sociétés GSK pour mener à bien les travaux présentés ici, ainsi que pour d'autres projets sans lien avec les travaux soumis. Les auteurs déclarent n'avoir aucune autre relation ou activité financière ou non financière.
Et bah putain au moins il font pas semblant. Les mecs sont carrément employés ou actionnaires chez GSK.
Et si je prends une autre étude de modélisation proposée dans la revue de la HAS ?
OD, AK, JA et RK sont employés de Sanofi Deutschland GmbH et peuvent détenir des actions et/ou des options sur actions de l'entreprise ; JW et MB détiennent des actions de Vandage GmbH, qui a reçu des honoraires de conseil et des subventions de la part d'AstraZeneca, AOK Rheinland/Hamburg, BARMER, DAK‐Gesundheit, le G‐BA allemand, GSK, Sanofi, Sequirus et Techniker Krankenkasse ; JS a reçu des honoraires pour des services de conseil et/ou de conférences de Bavarian Nordic, BioNTech, GSK, Janssen, MSD, Mylan, Pfizer, Sanofi, Seqirus et Takeda ; WG est membre des comités consultatifs scientifiques des compagnies d'assurance maladie BARMER, DAK‐Gesundheit et Techniker Krankenkasse.
Bon, je m’arrête là, je pense que vous voyez le problème.
Je ne sais pas quel est le raisonnement qui a conduit à l’inclusion d’études faites par des actionnaires des entreprises pharmaceutiques dans les considérations de la HAS. C’est un peu incroyable.
Les recommandations de la HAS sont ce qu’elle sont. Je n’ai pas d’avis sur le sujet.
Mais je pense qu’il serait préférable de mettre en évidence les nuances qu’il peut y avoir quant aux données dont sont issues ces recommandations si on parle du décès et des hospitalisations, comme c’est le cas dans le post de la directrice de l’Assurance Maladie.
3) La vaccination évite de se faire rouler dessus par un train à 300 km/h pendant 10 jours
Il est toujours préférable de donner les données au lieu d’une image un peu grossière - je ne me suis pas fait rouler dessus par un train à 300mk/h très souvent, mais je pense que ça doit être bien pire que la grippe.
Et par pitié, commencez à mettre des données. C’est quand même pas compliqué.
4) Près de 90 établissements actuellement en "plan blanc" et “déprogramment des interventions pour tenir la charge”
Il est tout à fait inacceptable de parler des “plans blancs” des hôpitaux sans parler de la crise profonde dans laquelle ils sont toute l’année.
Le plan blanc n’a rien d’un plan, et n’a rien de blanc. Il ne permet pas que de déprogrammer des interventions, il permet aussi de faire revenir le personnel pendant leur jours de congés.
5) Le nombre de lits est un débat en soi, mais pas pour déplorer un manque de capacités hospitalières face à des 𝘩𝘰𝘴𝘱𝘪𝘵𝘢𝘭𝘪𝘴𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘦́𝘷𝘪𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴.
Encore une fois, il est nécessaire de préciser pour quelle partie de la population on souhaite insister sur la vaccination, et de reconnaître la réserve qu’il est nécessaire d’avoir face aux données venant appuyer ce discours. Comme on l’a vu, pour la vaccination des mineurs, ça n’est pas si clair que ça.
6) Il n'est pas normal que seule 35% de la "population cible" ait été vaccinée au 30 novembre 2024 pour une campagne vaccinale démarrant en septembre.
Non seulement c’est normal, vu ce qui a été fait avec le vaccin du COVID 19, et ça a été dit et annoncé par beaucoup d’universitaires, mais c’était prévisible.
La diminution de la participation à la vaccination était globalement par ailleurs plutôt en augmentation entre 2017 et 2021.
La campagne de vaccination a par ailleurs débuté le 15 octobre, et non pas en septembre.
Ce qui n’est pas normal, c’est de jouer les surpris et les offusqués. Ca c’est vraiment se moquer du monde.
7)"Hésitation vaccinale" (transparence, lutte contre les fake-news)
La façon dont ce post est rédigé n’a à mon avis rien de transparent.
Il va falloir monter le niveau. Hurler à la fake news à chaque fois ne suffira pas - surtout si c’est pour tenir ce genre de propos. Je pense que madame la directrice a passé moins de temps que moi à lire les recommandations de la HAS pour les mineurs, et ça pose un sacré problème.
D’ici là, je vous laisse lire les recommandations officielles de la HAS sur les 2-17 ans, en version accessible - une page et pas 192. Vous vous ferez ensuite une opinion du type de données sur lesquelles ces recommandations sont basées - méta analyse d’études cliniques, ou prévisions mathématiques.
Vous verrez que ces recommandations (et le message de la directrice) n’abordent pas l’aspect médico-économique, qui est le dernier volet de considération de leur revue de littérature. Il aurait été plus transparent de dire “nous avons regardé les données sur l’hospitalisation et le décès, mais il n’y avait soit rien soit aucun effet, alors nous avons donc basé le raisonnement sur des modèles prédictifs”.
Il y a bien sûr plusieurs éléments que je n’ai pas abordé, n’ayant encore une fois pas les compétences. Je me permets quand même de partager leur conclusion quant aux vaccinations répétées:
En conclusion les 3 méta analyses et les 2 études observationnelles identifiées concluent à une possible atténuation de l’efficacité du vaccin contre la grippe en fonction d’une ou de plusieurs vaccinations préalables réalisées les années précédentes, avec toutefois une efficacité qui reste supérieure à l’absence de vaccination. La majorité de ces résultats concernent le sujet adulte voire âgé de plus de 65 ans. Les résultats sont variables et discordants selon les saisons et doivent prendre en compte la souche circulante et les souches vaccinales. Aucune étude évaluant l’impact sur tolérance de la vaccination antigrippale répétée n’a été identifiée.
Je me demande si cette éventuelle diminution d’efficacité a été prise en compte dans les modèles économiques réalisés ?
Bref.
J’insiste une dernière fois sur le fait que je n’incite pas les patients à ne pas se faire vacciner. Il n’y a non plus aucun doute sur les ravages que fait la grippe dans la population âgée.
J’incite les patients à regarder les données, et à exiger des pouvoirs publics plus de transparence quant à ces dernières.
La science nous rend humble.
Surtout si c’est pour rendre le vaccin grippal obligatoire - comme on commence à l’entendre à droite à gauche.
La dernière fois que j’ai dit des choses qui n’ont pas plus à la sécu, ils m’ont signalé comme décompensé à l’ordre des médecins. Je me demande ce que ça sera cette fois ci.
Il est possible que j’ai oublié, négligé ou carrément raté des éléments importants, n’hésitez pas à commenter.
Et pourquoi ça m’intéresse autant ?
Je suis père de 2 enfants en base âge. Ca me concerne directement.
Bon courage à tous !
Merci pour ce billet.
Il est évident que toute critique de la politique vaccinale contre la grippe est considérée comme complotiste.
Vous citez nombre d'articles qui ne sont rédigés que par des membres des firmes, comme celui-ci (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35360146/) et qui mélangent allègrement études pseudo contrôlées et modélisations.
Encore une fois la santé publique doit viser les populations les plus fragiles qui sont les personnes âgées vivant en institution et les porteurs de maladies chroniques traitées dont le système immunitaire est défaillant qui vivent en communautaire et/ou qui font des allers et retours l'hôpital. Malgré le fait que le vaccin soit peu efficace chez ces patients.
La vaccination des enfants n'a aucun sens puisque le risque absolu de létalité est microscopique et qu'aucune étude n'a montré que cela protégeait les personnes âgées.
La première cause de mortalité chez les enfants et les adolescents sont les accidents de la vie courante.
Bonne journée.
Docdu16
JC Grange