Vaccins et McSiko

Le nouveau cabinet de conseil

Ci-dessous la réponse de mon cabinet de conseil suite à la sollicitation fictive par le gouvernement de ce dernier, sur la problématique de la vaccination grippale:

Cher gouvernement,

J’ai bien reçu votre lettre concernant vos préoccupations quant à la diminution de la prévalence de la vaccination dans le pays. Les chiffres sont en effets assez parlants: 47,1% en 2023-2024 contre 51,5% en 2022-2023, et peut-être 10% de moins en 2024-2025 que l’année précédente.

Je vous félicite d’abord d’avoir sollicité mes services au lieu de ceux du célèbre cabinet McKinsey. L’efficacité de ce cabinet de conseil n’est plus à démontrer; ils ont notamment été redoutables pour booster la vente d’opiacés et ont participé à la crise aux Etats-Unis, avec plus de 100 000 morts en 2022. Mais entre les tarifs exorbitants et la mauvaise presse, il était plus sage de passer par moi.

Voici donc mes conseils pratiques:

1. Le ministère a dit que la vaccination obligatoire des soignants n’était pas une question “taboue”. Ca devrait l’être. Le gouvernement n’est pas du tout en position d’imposer une nouvelle vaccination en l’état. C’est probablement aussi ça qui a massacré la confiance du public. On risque d’avoir une défiance envers des vaccins encore plus essentiels qui ne fait qu’augmenter.

   Il faut être complètement fracassé pour se lancer de nouveau dans un combat comme celui-là. J’en ai la chair de poule rien que de savoir qu’ils ont pensé à ça.

2. Si vous voulez de nouveau imposer une vaccination, il est nécessaire de gagner la confiance du public avant. Voici plusieurs choses à faire au préalable:

   1. Faites en sorte que le Nutri-Score soit obligatoire dans le pays. Si vous forcez des injections aux soignants mais que vous n’arrivez pas à obliger le minimum syndical aux entreprises qui tuent la population avec de la bouffe de merde, vous allez passer pour des ploucs.

   2. Même raisonnement sur la taxe sur les produits sucrés.

   3. Mettez en ligne un site d’évaluation indépendante des vaccins. Il existe actuellement https://www.infovac.fr/. Je vous laisse voir les “partenaires”. Il faut être sacrément atteint du casque pour penser que ça va aider notre cas et qu’il n’y a pas un problème dans ce site. La ligne éditoriale est par ailleurs un poil orientée - pour rester poli.

      

   4. Mentionnez, s’il vous plait, comme facteur aggravant, l’état catastrophique des hôpitaux, qui se font malmener depuis des décades parce que votre gouvernement n’a pas les compétences pour mener la barque. Les gens le savent déjà, vous n’avez rien à perdre. Mais c’est un bon début pour regagner un peu de la confiance. Je ne sais pas ce qu’il vous apprenne dans vos écoles de management mais quand on en aura terminé avec cette histoire il faudra s’en occuper, parce que il y a de grosses carences.

   5. Faites également un mea-culpa sur la façon dont vous avez géré la crise covid. Les gens aurait pu vous pardonner de ne pas être sûrs de ce qu’il fallait faire.

      Mais vous n’avez pas choisi cette voie. Vous avez enchainé les prises de décision avec une certitude qui n’avait pas lieu d’être. Parfois carrément dit des choses pour lesquelles nous n’avions aucune données.

      Il n’y a aucun doute qu’il y avait, dans les différentes instances, des gens qui étaient plus réservés et moins certains de ce qu’il fallait faire; mais ils n’ont pas pu s’exprimer.

      Que ça vous serve de leçon pour la prochaine fois - même si c’est mal barré.

   6. Arrêtez d’utiliser le terme “expert” constamment. Tout le monde est un expert de nos jours. Ca ne veut plus rien dire.

3. Faites une étude randomisée contrôlée, de façon indépendante, et présentez vos données à la population.

   C’est quand même pas compliqué les mecs. Arrêtez de nous casser les oreilles avec des trucs du style:

   les académies nationales de médecine et de pharmacie tirent le signal d’alarme sur l’urgence de la situation. Lors d’un récent colloque, qui s’est déroulé fin 2024, elles se sont réunies dans l’objectif de "repenser notre politique vaccinale contre les infections respiratoires", et de trouver des solutions innovantes. Lors de ce colloque, les deux académies ont présenté une feuille de route ambitieuse avec des propositions concrètes pour faire de la vaccination "une pierre angulaire de notre système de santé" et "en amplifier la dimension stratégique".

   Une étude suffira. Et au pire, si les gens ne se vaccinent pas plus après une étude positive, vous aurez au moins une justification pour le faire.

   Parce que le covid a modifié le paysage infectieux. Le système de santé n’est pas le même qu’il y a 10 ans. Il est plus que temps de refaire une petite étude. C’est pas comme si les laboratoires manquaient de fric.

   Donc au lieu de prendre la parole aux informations comme des ânes en pleurant le manque de vaccination, vous préparez pour l’année prochaine une étude randomisée. 4 groupes:

   • Vaccin COVID + grippe

   • Vaccin COVID seul

   • Vaccin grippe seul

   • Aucun vaccin

   C’est plus que simple. Et prenez des critères d’évaluations pertinents. Pas comme dans l’étude MELODY du Beyfortus par exemple, qui évaluait “le nombre d’infections qui ont entrainé une consultation médicale”. C’est quoi ce bordel ? On peut pas avoir simplement la survie en critère d’évaluation principal ?

   Il faudra bien sûr présenter les résultats de façon claire, comme par exemple avec le NNT (le nombre de patient à vacciner pour éviter une hospitalisation, par exemple), et le NNH - le nombre de patient à traiter pour avoir un effet secondaire.

   Evidemment, si l’étude est négative, ça va nous péter à la figure. C’est le risque. On appelle ça la science.

   C’est l’épreuve de l’étude randomisée qui a donné ses lettes de noblesses à la médecine. Pas les avis d’experts. Et les vaccins sont des médicaments comme les autres.

Une fois que tout ça sera fait, on y verra plus clair.

C’est un sujet crucial. La vaccination est potentiellement salvatrice. C’est pour ça que vous ne pouvez pas vous permettre de faire n’importe quoi. Probablement que de hausser un peu le niveau d’exigence sur les autres médicaments ne ferait pas de mal, mais c’est un autre sujet.

Bien sûr, ce ne sont que des conseils. Vous pouvez aussi ne rien faire.

Vous pouvez décider d’imposer une vaccination sans aucune donnée. Vous pouvez continuez à recommander des boosters de vaccin covid sans aucune donnée randomisée. Vous pouvez tout faire. Vous pouvez même ensuite aller vous plaindre de la mort de la démocratie et de la liberté d’expression sur Twitter, annoncer fièrement que vous quittez le réseau, pour ensuite parler de vaccination forcée.

Mais vous serez les seuls responsables de ce qui se passera ensuite.

Cordialement,

Dr Michaël Sikorav

Psychiatre considéré décompensé et dangereux par la CPAM.