Le directeur général de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie en pleine action
Sans surprise, il s'en contrefiche
Ok, ok, ok. Je suis au milieu d’un épisode infectieux (je ne suis pas allé travailler aujourd’hui, mes excuses aux patients qui me lisent), mais j’ai quand même trouvé la force d'écouter le bon directeur général de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) au micro de RTL.
Je vous le dis d’entrée de jeu, je n’ai pas été déçu.
Comme discuté dans le post d’hier, la sécu s’est rendu compte que les comptes étaient en roue libre complète, et s’est mis en tête d’aller récupérer un peu de notre pognon perdu.
Juste pour que tout le monde comprenne à quel point la farce est grotesque; la sécu se lance dans la chasse à l’arrêt maladie, recule la majoration des consultations des professionnels de santé - parce que c’est “dans le code de la sécu”; et ils sont dans leur bon droit.
Mais quand la Cour des Comptes ne valide pas les comptes de la sécu (plus précisément la branche “allocations familiales”) tellement c’est le bordel, ça ne dérange personne, ils continuent de faire leur numéro comme s’il ne s’était rien passé. La Cour des Comptes avait déjà refusé de valider la même branche en 2023; comme quoi, encore une institution qui ne sert pas à grand chose.
Bref.
Ce matin, le directeur général prend le micro sur RTL.
Je veux qu’on prenne 5 minutes pour s’imaginer l’état d’esprit dans lequel on peut être quand on passe sur une chaine de radio nationale les plus écoutées de l’hexagone. Normalement, on stresse un peu. Et vu qu’on stresse, on maîtrise son sujet. Si on ne maîtrise pas son sujet, on se démerde pour avoir un conseiller, la veille, qui maîtrise, et on fait le nécessaire pour se mettre au parfum.
On va voir si c’est ce qui a été fait.
Je vous laisse écouter l’extrait qui nous concerne.
Thomas Fatôme: Et donc on voit surtout, notamment, des prescriptions d’arrêt de travail qui sont très longues, qui vont bien au-délà des durées de référence.
Par exemple, quand vous avez un trouble mineur de la santé mentale, mineur, la recommandation scientifique c’est 15 jours.
Pourquoi 15 jours ?
Parce qu’il faut un suivi, régulier, que votre médecin vous revoit, que vous ne soyez pas laissé sur “un arrêt de travail long”
On voit, malheureusement, qu’on a des durées de prescriptions qui peuvent être d’un mois, deux mois, trois mois, donc on veut mettre….
Amandine Bégot: Pardon, excusez moi, mais ces prescriptions elles sont faites par des vrais médecins, ça veut dire que ces médecins là abusent ?
Thomas Fatôme: Bah ça veut dire qu’il y a des situations dans lesquelles la prescription n’est pas conforme au référentiel.
Ca veut dire aussi que nous on accompagne des milliers de médecins, on a nos médecins conseils, les médecins conseils de l’assurance maladie. Les médecins de l’assurance maladie vont voir les médecins prescripteurs pour étudier des cas, échanger sur pourquoi telle prescription n’était pas complètement adaptée.
Bien.
Je vais être tout à fait honnête, j’espère un jour être sur un plateau télé avec quelqu’un comme le directeur général de la sécu.
Si j’avais été présent, mes questions auraient été les suivantes.
Monsieur le directeur général:
De quoi parlez vous quand vous parlez de “trouble mineur de la santé mentale” ?
Est-ce que vous êtes au courant que ce terme n’existe dans aucune classification médicale, que ce soit la CIM 10, le DSM, ou les descriptions de feu nos ancêtres ?
Est-ce vous réalisez que, vu que le terme n’existe pas, les recommandations qui pourraient exister ne sont de fait basées sur aucune donnée scientifique ?
Est-ce que vous faisiez référence au “trouble anxiodépressif léger à modéré” qui est mentionné sur Améli ?
Si oui, est-ce que vous vous rendez compte que cette appellation a fait éclater les yeux de milliers de professeurs de psychiatrie dans leur orbite, tellement elle est imprécise ? Et qu’ils se sont battus systématiquement, à raison, pour que les internes arrêtent de s’en servir ?
Est-ce que vous avez lu la dite page sur le site internet Améli ?
Si oui, est-ce que vous êtes satisfait quant à la qualité des informations qui sont proposées sur cette page ? Si non, que changeriez vous ?
Est-ce que vous réalisez qu’il n’y a, en effet, comme nous l’avions dit, aucune donnée derrière ce qui est écrit sur ce site ?
“Mais je ne suis pas prescripteur moi…” Exactement monsieur le directeur général. Exactement.
Est-ce que vous vous foutez de la gueule du monde ?
Excusez moi, ça m’a échappé.
Et merde.
J’avais dit à ma femme que j’allais faire gaffe.
Je continue.
Quel est le cerveau malade qui a décidé que des “médecins” conseils qui ne voient pas de patients depuis des années allaient pouvoir conseiller des médecins qui sont au contact des patients plusieurs heures par jour ?
Est-ce que ça n’est pas une situation qui conduit, de façon inévitable, à des médecins complètements incompétents sur le plan clinique qui citent des “recommendations scientifiques” sans avoir la moindre idée de quoi ils parlent ?
Comme vous venez de nous en faire la démonstration, à la radio ?
Hmmm… ?
Vous vous rendez compte de ce qu’il se passe ?
Vous ne dites rien ?
Répondez.
Vous allez répondre ?
Je continue:
Est-ce que vous êtes au courant que vos “médecins conseils” sont parfois tellement à côté de la plaque quand il s’agit de santé mentale, qu’ils m’ont accusé d’être “dangereux pour les patients”, alors que 2 expertises ont en réalité confirmé le bienfondé scientifique de mes prescriptions et la stabilité de mon état mental ?
Est-ce que ce sont ces mêmes médecins conseils qui vont aller “aider” les prescripteurs de terrain ?
Est-ce que vous ne pensez pas qu’il est temps d’annoncer quelques restructurations de personnel et de fonctionnement à la caisse nationale d’assurance maladie ?
Ca fait 5 ans que vous en êtes le directeur.
De 2012 à 2017, vous étiez directeur de la sécurité sociale.
Au total, ça fait 25 ans que vous êtes dans les rouages, et vous avez même reçu la légion d’honneur pour ça.
A partir de quel moment est-ce qu’on peut considérer que vous n’êtes pas capable de faire ce métier correctement ?
A partir de quel moment est-ce qu’on peut considérer qu’il est devenu nécessaire de mettre la sécurité sociale et ses fonctionnaires, eux-mêmes, sous contrôle ?
Je vous remercie pour cette discussion riche et cordiale monsieur le directeur général.
Vive la république.
Et vive la France.
Michael ! Président ! Michael ! Président ! Michael ! Président ! etc...
Il faudrait aussi lui expliquer que des rdv tous les 15 jours, c est pas possible avec la penurie de medecin. Que les CMP sont débordés, il y a des delais d attentes pas du tout compatibles avec une prise en charge rapide. Que les psychiatres sont vraiment une denrée rare. Que les anxiolytiques ne soignent rien du tout. Que mon soutien psy est un echec car refus des psychologues d adherer a un systeme a 2 vitesse notamment (les ald psy et les personnes avec tnd sont exclus du dispositif). Que les therapies ne sont pas remboursees la grande majorité du temps sauf si le praticien est aussi medecin. Or les psychiatres n ont plus de temps pour ça et les patients pas l argent.
Qu il y a aussi penurie de medecin du travail, donc comment on prepare une reprise de qualité. Et le medecin du travail peut lui considerer que la personne est inapte a reprendre.
Si inapte temporaire, il est rearrete. Si definitif, il est licencié donc chomage et donc aggravation etat mental et donc on creuse les comptes publics...
Plus tu tapes sur ceux qui cotisent et consomment ( le nerf de la guerre la croissance) plus tu creuses le trou de plus en plus profond avec le systeme actuel.
Tiens, des malades qui ont fait des infactus et /ou des avc vont se voir priver de 2 medicaments innovants vitaux parce que la cnam ne veut pas reajuster le tarif y compris a Sanofi.
Donc potentiellement des personnes qui vont etre hospitalisées plus souvent et mourir.
Et il nous font des simagres de bonne conscience avec l eeuthanasie et le suicide assistée?