Cas clinique:
Patiente de 60 ans suivie pour schizophrénie pharmacorésistante.
N’a jamais eu de clozapine.
A été hospitalisée plusieurs fois. Des périodes d’agitation franche, qui se sont maintenant améliorées. Persiste néanmoins des idées délirantes quant au fait d’être enceinte, adhésion complète au délire (impossible de faire changer la patiente d’avis); très mal systématisé/aucune cohérence.
Le délire évolue depuis des années. La patiente est maintenant en foyer. Il est impossible d’en savoir plus. L’équipe est très frileuse à l’idée de diminuer les doses.
Il n’y a pas d’anomalies notables à l’examen physique réalisé chez le médecin traitant, qui la voit une fois par an.
L’ordonnance est la suivante, elle est délivrée par la pharmacie sans difficulté.
Quel est l’étiologie réversible la plus probable ? (La réponse n’est pas schizophrénie résistante et clozapine, je précise).
Que faites vous ?
Information bonus:
Le livre de psychopharmacologie le plus lu dans le monde est rédigé par quelqu'un qui a reçu au total près de 6 millions de dollars par les laboratoires pharmaceutiques.
On parle de payements directs par le laboratoire. Pas de frais pour une étude ou quoi que ce soit d’autre.
C’est pas mal.
Je pense que c'est un problème.
Et vous ?
Au delà de la potentielle confusion ou d'éléments délirants potentiellement induits par la charge atropinique, on pourrait se poser la question de savoir si les éléments délirants sont ancrés dans une part de réalité, à savoir se demander s'il n'y a pas d'hyperprolactinémie (secondaire à tous ces dopamine-bloqueurs) aboutissant à une galactorrhée ou une mastodynie qui mimerait la sensation d'être enceinte ?
Hyperprolactinémie réversible avec la baisse/l'arrêt des D2-bloqueurs (ici surtout la loxapine et l'haloperidol, éventuellement l'alimemazine), et l'introduction d'un antipsychotique moins à risque d'hyperprolactinémie, à tout hasard la clozapine au vu des recommandations internationales dans les schizophrénies résistantes.
Sans certitude mais au vu de la prescription dégueulasse, je vote syndrome anticholinergique.
Je rajouterais quand même un autre dopamine-bloquant pour être sûr, 1200mg de quétiapine par jour me semble un peu juste 🤣